Les Polinsky, à Dieuze, aux noces de diamant avec leur métier

À 82 ans, l’homme-orchestre Albert Polinsky se devait d’animer la fête. Sa boutique de peinture et revêtements divers est née la même année que la MJC Jacques-Prévert, qui célébrait samedi dernier ses 60 ans.

Il est encore là celui-là ? Albert Polinsky en a marre que la question se pose ! Qu’on se le dise bien, oui monsieur est toujours là et même il travaille encore. Il s’est fait entendre d’ailleurs pour l’anniversaire de la MJC Prévert qu’il a vu naître la même année que son entreprise, il y a 60 ans dans les locaux de son ancienne école. À l’accordéon, il a animé le bal qui clôturait la fête. Dans ses réserves, à l’étage du magasin, il a même un carré réservé à son instrument fétiche. Chez lui, il s’est aménagé un véritable studio de musique pour son plaisir personnel.

Le spécialiste dieuzois des revêtements de murs et de sols entend çà et là que, vu son grand âge, nombre d’habitants de Dieuze et du Saulnois le croient en retraite, que d’autres l’ont même déjà enterré. Le peintre fondateur de l’enseigne à son nom installée rue Clemenceau, a certes dépassé de près de 25 ans l’âge légal pour faire valoir ses droits et fait figure de résistant en matière de commerce de proximité.

Regain d’activités

Et même, son entreprise connaît un léger regain d’activités du fait de la campagne de ravalement de façade initiée par la municipalité. « Je ne prends plus les gros chantiers , concède le retraité actif. J e ne tiens plus à grimper trop haut. » Sa femme Irène, épousée il y a 62 ans, est désormais officiellement à la tête de la société mais Albert garde le pied à l’étrier.

Ce Dieuzois d’origine polonaise en a encore à revendre même s’il tente de réduire un peu les stocks et la gamme des références de produits en magasin. Il s’est efforcé d’écouler tout au long de sa carrière et jusqu’à aujourd’hui, à des prix défiants la concurrence de la grande distribution qui, assure-t-il, n’a jamais mis son affaire en péril. « Je négocie directement avec les fabricants, révèle-t-il. En Pologne depuis le temps, ils me connaissent, la confiance est installée. »

Le couple emploie toujours deux personnes : un ouvrier récemment embauché en remplacement d’un salarié modèle victime d’ennuis de santé, et la secrétaire, qu’après plus d’un quart de siècle de service, les époux continuent d’appeler respectueusement Madame Marchal, retraitée active elle aussi.

Des anecdotes, cette mémoire vivante de la localité en a à revendre. Mais il en revient aux événements les plus frappants de sa jeunesse marquée par la guerre, la destruction et la reconstruction de la ville. Il ose aujourd’hui dire que les Allemands qui l’occupèrent un temps n’étaient pas tous « des vauriens ». Lui a survécu à leur passage, à la création d’une zone artisanale sur laquelle il dispose encore d’un atelier.

En 60 ans de carrière, il a forcément marqué la cité des Salines de ses bons coups de pinceaux qu’un instituteur lui avait conseillé d’exploiter à l’adolescence. Pour l’aspect artistique, il s’est tourné vers la musique et dans les deux domaines, il n’est pas prêt à mettre la touche finale.

Claire FIORLETTA.

REPULICAIN LORRAIN

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