L’identité de genre plus forte que le sexe ?
Les termes transsexuel ou transgenre désignent une personne qui présente un transsexualisme, qui a le sentiment de ne pas appartenir à son sexe biologique, mais au sexe opposé.
Les termes de troisième sexe ou de troisième genre qualifient soit un individu considéré comme n’étant ni homme ni femme, à la fois homme et femme, ou « neutre » ; soit unindividu appartenant à une troisième catégorie sociale dans des sociétés dont la culture connait trois genre ou plus.
Le genre est-il plus fort que le sexe?
Plutôt qu’un long article sur les mécanismes psychologiques et biologiques qui poussent un homme à devenir femme ou une femme à devenir homme, ou devenir « neutre », nous avons préféré recueillir les impressions d’Emmanuelle qui a participé à une réunion de l’ANT (Association Nationale Transgenre).
« Je suis Emmanuelle, j’ai 22 ans. Comme tous mes amis j’ai envie de savoir de quoi sera fait le monde de demain. Mon monde. Il nous arrive souvent d’échanger autour des questions qui font polémiques actuellement : le mariage pour tous, la GPA (Gestation Pour Autrui), l’homosexualité…
Récemment, j’ai accompagné ma mère qui était invitée en tant que médecin à une réunion de l’ANT (Association Nationale Transgenre) qui se bat pour aider les personnes transgenres (des femmes qui sont devenues hommes, ou des hommes qui sont devenus femmes), que ce soit au niveau de l’insertion sociale, au niveau de la santé ou au sujet de la lutte contre les discriminations transphobes subies par ces personnes. Je ne connaissais pas grand-chose sur la problématique de l’identité de genre, et j’y suis allée avec beaucoup de préjugés.
Après deux heures d’échanges, j’ai dû réviser mes jugements préalables et je vais tenter de vous expliquer ce dont je me suis rendue compte.
A cette réunion, j’ai rencontré deux femmes transgenres (elles sont nées « homme ») responsables sur le secteur Est de l’ANT.
Fortes et déterminées, elles nous exposent, pour les avoir vécu elles-mêmes, les faiblesses du système actuel de la prise en charge de la santé des transgenres. Pour elles, un réel accompagnement est plus important que des visites chez les psychiatres. Pour elles, le changement d’état civil devrait être accordé plus facilement et plus rapidement pour lutter contre les discriminations transphobes, permettre l’insertion sociale et ainsi éviter des parcours parfois dramatiques pour les personnes transgenres.
Mais pour moi le message le plus important a été celui -ci : la société a une grande part de responsabilité.
On nait garçon ou fille, on est garçon ou fille dès notre première respiration. Or, c’est sûrement bien plus compliqué que cela.
Une personne ne doit pas être jugée seulement en fonction de son sexe biologique.
Le témoignage d’une maman qui aide son fils à devenir une femme m’a aussi interpellée. Elle aime son enfant, elle respecte son choix d’identité de genre parce qu’elle a compris que le bonheur de son enfant en dépend. Mais le parcours est très difficile dans une société qui ne reconnaît que le sexe biologique. L’ANT la soulage et l’aide.
Les deux heures passées (trop vite) en compagnie de ces femmes m’ont redonné foi en l’évolution des mentalités pour qu’un jour chacun puisse être accepté tel qu’il est peu importe son sexe. Cette réunion m’a fait réfléchir, et cette association devrait porter ses paroles auprès du grand public car l’ignorant est celui qui fait le plus de mal.
L’identité de genre ne serait-elle pas tout simplement plus importante que l’organe ?
Emmanuelle »
Pour en savoir plus : http://www.ant-france.eu/
Lire « le témoignage à cœur ouvert d’une femme transgenre »
* A propos du titre de l’article : Robert Stoller, spécialiste de la transsexualité, demande dès 1963 qu’on distingue le sexe, le genre, et le noyau d’identité de genre. Le mot sexe (état de mâle ou de femelle) renvoie au domaine biologique. Pour déterminer le sexe, il faut analyser chromosomes, organes génitaux externes et internes, gonades, état hormonal et caractères sexuels secondaires. Le genre a des connotations psychologiques ou culturelles. « L’identité de genre » commence avec la perception que l’on appartient à un sexe et pas à l’autre. « Le noyau d’identité de genre » est la conviction que l’assignation de son sexe a été correcte. « Je suis mâle » s’impose avant l’âge de deux ans et persiste généralement de façon inaltérable.
Êtes-vous Pour ou Contre la reconnaissance d’un troisième sexe ? Lisez pour vous faire une opinion.