« J’AI DES SEINS ET JE SUIS UN HOMME ! »
« MON FILS A DES SEINS »

Le développement excessif des glandes mammaires chez l’homme définit en terme médical : la Gynécomastie.

Elle est fréquente chez les adolescents et chez les hommes d’âge mûr.
Cette prolifération bénigne de la glande mammaire chez l’homme est stimulée par les oestrogènes (hormones féminisantes) et inhibée par la testostérone (hormone masculinisante)
Avoir des seins pour un homme traduit un déséquilibre hormonal au profit des oestrogènes.

C’est un symptôme, pas une maladie.

Symptôme d’un déséquilibre de l’ambiance oestrogénique et androgénique.

androgènes (Testostérone) Oestrogènes

La testostérone est produite à 95% par les cellules de Leydig des testicules et à 5% par les glandes surrénales. Elle circule dans le sang principalement liée à la SHBG (protéine transporteuse). La Testostérone qui ne circule pas dans le sang liée à cette protéine, est dite libre. C’est cette fraction libre de Testostérone, soit seulement 5%, qui est biologiquement active au niveau des tissus cibles (tissus sur lesquels agissent les hormones. Exemple muscle, prostate, etc…) où elle a un effet de masculinisation.
C’est aussi une partie de cette fraction libre qui est aromatisée (transformée) au niveau périphérique en oestrogènes, surtout au niveau du tissu adipeux (la graisse).
Chez l’homme, les oestrogènes proviennent essentiellement de cette conversion périphérique des androgènes (il y a tout de même une production pour 15 % testiculaire).

Examen des seins

Une hypertrophie de la glande mammaire chez l’homme (gynécomastie) se présente sous la forme d’une masse palpable ferme, mobile qui est centrée sur l’aréole à droite comme à gauche (le développement de la glande mammaire peut être uni ou bilatéral c’est-à-dire qu’il peut y avoir un ou deux seins) qui peut être sensible au début de son installation. Il n’y a pas de ganglions dans les creux axillaires sous les aisselles (il n’y a pas d’adénopathie).
Il n’y a pas de doute, c’est une gynécomastie, inutile de demander une mammographie.
Le diagnostic radiologique n’est pas utile systématiquement. Ce n’est que si le médecin a un doute clinique qu’il demandera une mammographie et une échographie, notamment lorsque l’examen clinique est difficile chez une personne obèse.

Effectivement, il ne faut pas confondre gynécomastie (hypertrophie de la glande mammaire) et adipomastie ( accumulation de graisse chez l’homme au niveau des pectoraux causée par un surpoids). L’adipomastie, elle, est toujours bilatérale, beaucoup plus molle, excentrée par rapport à l’aréole du sein. (photo de sumo 123rf 11711049)

Remarque : Le carcinome mammaire, ou cancer du sein, est très rare chez l’homme. 1 % des masses mammaires palpables chez l’homme sont cancéreuses. L’examen, d’emblée, peut ne pas être rassurant avec une masse irrégulière adhérente, excentrée par rapport à l’aréole, une rétraction du mamelon, éventuellement un écoulement sanglant, des ganglions sous les bras.

Quel âge avez-vous ?

Vous êtes un adolescent, vous démarrez votre puberté.

Une gynécomastie est observée chez 50 à 70 % des adolescents avec un pic de fréquence chez les 13 – 14 ans.

Rassurez-vous, elle régressera spontanément entre 6 mois et 2 ans dans 90% des cas. Dans environ 8% des cas, elle peut persister après l’âge de 17 ans, mais il faut garder à l’esprit que 25 % des gynécomasties des adultes jeunes sont liées à la persistance de la gynécomastie pubertaire liée à l’élévation relative du taux d’Oestrogènes. Dans la grande majorité des cas, il s’agit d’un état physiologique, c’est-à-dire naturel. Peut-être même que la régression spontanée s’est déjà amorcée. On surveille.

Vous êtes un adulte jeune, après 17 ans.

Votre puberté est achevée depuis quelque temps. Vous avez des seins depuis quelques mois déjà, et vous n’êtes pas obèse.
25 % des gynécomasties des adultes jeunes sont liées à la persistance de la gynécomastie pubertaire liée à l’élévation relative du taux d’Oestrogènes. Mais il peut y avoir une autre cause, un bilan est recommandé (lire ci-dessous)

Vous êtes un homme d’âge mûr, après 50 ans.

A l’âge mûr, 50 % des hommes après 50 ans présentent une gynécomastie « naturelle » dont l’origine est multifactorielle sur le plan fonctionnel hormonal :

– Hyperactivité de la fonction aromatase (transformation de la Testostérone libre en Oestrogènes dans le tissu adipeux) liée à l’augmentation de la masse grasse avec l’âge (plus de testostérone transformée en Oestrogènes dans la graisse plus abondante, avec au bout du compte plus d’Oestrogènes dans le sang circulant)

– Petite diminution du taux de Testostérone par les testicules

– Augmentation de la fabrication de protéine porteuse, SHBG, avec pour conséquence une augmentation du transport dans le sang de la Testostérone sous forme liée à cette protéine, et une diminution de fraction libre de Testostérone, c’est-à-dire diminution de l’action de la Testostérone libre active au niveau des tissus cibles.

Une gynécomastie de l’homme d’âge mûr peut être « normale », mais dans tous les cas après 17 ans effectuer un bilan, une enquête

L’interrogatoire

  • Racontez-moi l’histoire de votre gynécomastie pour que je puisse apprécier son ancienneté, son évolution.
  • Surtout recherchez la prise de médicaments : la liste est très longue. La gynécomastie est un symptôme qui peut être provoqué dans 25% des cas par des médicaments. Essentiellement : tout ce qui est anti-androgène et inhibiteur de la synthèse de Testostérone comme l’acétate de cyprotérone (Androcur®), la spironolactone, le kétoconazole ; la trithérapie (véritable développement mammaire chez les transgenres qui suivent une trithérapie) , la cimétidine (Tagamet®) ; les vieux psychotropes par le biais de l’hyper-prolactinémie ;les inhibiteurs calciques(Cordarone®) ; parmi les produits toxiques la Marijuana ; éventuellement prise d’oestrogènes.
  • Avez-vous des antécédents hépatiques, rénaux ou thyroïdiens ? L’hypethyroïdie, l’insuffisance rénale et la cirrhose hépatique sont des maladies qui s’accompagnent souvent de gynécomastie expliquée par une augmentation de la protéine transporteuse SHBG- les hommes dialysés ont souvent des seins. Il est rare de faire un diagnostic d’hyperthyroidie devant une gynécomastie. Il faut avoir présent à l’esprit qu’un patient sous dialyse qui présente une gynécomastie, c’est pas la peine de l’embêter de faire des tas d’examens !
  • Vos fonctions sexuelles sont-elles perturbées ? (si oui, peut-être à cause d‘une diminution de l’action androgénique également responsable de la gynécomastie)

L’examen clinique

Examen des organes génitaux à la recherche d’une cryptorchidie (absence d’un ou des deux testicules dans les bourses), d’une hypotrophie testiculaire (responsable d’une diminution de la production des androgènes) ou d’une «grosseur» (tumeur responsable d’une augmentation de la production des Oestrogènes).

J’apprécie votre androgénisation (ou virilisation c’est-à-dire la présence de vos caractères sexuels secondaires masculins)

La prise de sang, les dosages hormonaux

Qui permettront de prendre des décisions :

  • Demander des examens morphologiques :

échographie des testicules s’il soupçonne une production excessive d’oestrogènes au niveau testiculaire, scanner surrénalien dans un contexte d’hypercorticisme (obésité facio-tronculaire (visage et tronc), rougeur de la face, membres grêles…) à la recherche d’une tumeur surrénalienne très rare, IRM de la glande hypophyse parce que le taux de prolactine dans le sang est augmenté.
Remarque : excessivement rare, un trouble partiel de la réceptivité tissulaire aux androgènes peut être la cause d’une gynécomastie. La prolifération de la glande mammaire n’est pas localement inhibée par la Testostérone (les récepteurs aux androgènes de la glande mammaire sont insensibles aux androgènes) , mais l’action de la Testostérone sur les autres organes cibles qui eux sont réceptifs assurent masculinisation du sujet.

  • Prendre des décisions thérapeutiques.

En définitive

Vous êtes un ado en bonne santé, on se donne 3 à 6 mois avant de faire des examens.

Vous avez plus de 17 ans, vous êtes un adulte jeune, 25% des gynécomasties sont idiopathiques (gynécomastie qui existe par elle-même sans lien avec une autre maladie). Ou vous avez des seins parce que vous prenez un traitement ou de la Marijuana, ou encore à cause d’une maladie que nous avons découvert. En regard de la gynécomastie, on peut aussi se donner du temps, on suit l’évolution.

Chez les plus âgés, une gynécomastie ancienne associée à un examen normal permettent aussi d’attendre, pas besoin d’examens complémentaires autre que la prise de sang et l’examen clinique.

Quand et comment traiter une gynécomastie ?

(en dehors de sa cause quand celle-ci existe)

Le traitement médical de la gynécomastie

Le traitement médical de la gynécomastie est efficace si on intervient rapidement avant le stade de fibrose (le développement de la glande mammaire évolue vers la fibrose ou sclérose environ en 1 an).
Il faut bien évaluer la durée de la gynécomastie et intervenir entre 6 et 12 mois, après 12 mois la fibrose est résistante au traitement.
On utilise le plus couramment la dihydroTestostérone percutanée et pour une durée qui ne sera pas supérieure à 2 mois.
Le Raloxifene ® ou Tamoxifene® prescrits pour un traitement de 3 mois (hors autorisation de mise sur le marché, donc non remboursé sécurité sociale) donnent de bons résultats.

Le traitement chirurgical esthétique de la gynécomastie

Lorsque la Gynécomastie est fixée au stade de fibrose, seule l’intervention chirurgicale donne satisfaction. Elle est indiquée lorsque la gynécomastie est importante, gênante physiquement et/ou psychiquement.
De toute façon pour une gynécomastie ancienne, on ne peut espérer aucun bénéfice avec le traitement médical.

Docteur BINA-POLINSKY Fabienne

pour

Esthétique Homme