La prostate est « l’organe » de la sphère génitale de l’Homme dans son entité, elle n’existe pas chez la Femme. La prostate a une valeur symbolique incontestable de virilité, de masculinité.

Anatomie de l'appareil génital masculin

Elle se développe à partir de la puberté, elle permet la fertilité. Dans l’histoire médicale d’un Homme, elle fait souvent parler d’elle en se manifestant par des troubles urinaires, et des troubles génitaux : des troubles de l’érection et de l’éjaculation.

Problèmes urinaires et génitaux, donc problèmes de couple,
car la sexualité de l’Homme fait partie du dialogue dans le couple.
Une sexualité masculine perturbée retentit sur celle de la femme.

L’apparition de signes urinaires et de signes génitaux chez l’Homme ne traduit pas forcément un cancer de la prostate, il peut s’agir d’une prostatite (infectieuse ou non) ou d’une hypertrophie bénigne de la prostate (adénome prostatique), mais ici nous allons n’envisager que la pathologie cancéreuse.
Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’Homme : 70 000 nouveaux cas par an. Il représente la deuxième cause de mortalité par cancer.
Il survient chez l’homme en moyenne âgé de 68 ans.

« Je suis bouleversé, je viens d’apprendre que j’ai un cancer de la prostate.
Je me pose des questions.
Bien sûr, quel traitement et pourquoi.
Comment il va se dérouler et quels sont ses effets secondaires.
Vais-je m’en sortir ?
Mais aussi je me pose la question de ma sexualité, que va-t-elle devenir ? Déjà que ça ne va pas fort de ce côté-là depuis quelque temps, mes érections sont molles ou impossibles.
Ma femme est inquiète, elle croit que je ne la désire plus. »

Cet homme fait partie des 40% qui présentent un trouble de l’érection avant le diagnostic.
Pour 60% des Hommes atteints d’un cancer de la prostate, la sexualité est importante, voire très importante. Quand on interroge ces Hommes sur leur qualité de vie dans différents domaines avant la prise en charge du cancer, il apparaît que c’est la sexualité qui conditionne le plus cette qualité de vie. Et, parmi les troubles urinaires et génitaux, le dysfonctionnement érectile est celui qui altère le plus la qualité de la vie.

« Je veux retrouver une sexualité normale. »

Avant que le diagnostic de cancer soit connu,
les troubles de l’érection peuvent déjà exister (40% des Hommes) avec pour conséquence l’émergence de troubles de la sexualité chez l’épouse : diminution de la libido, diminution du plaisir. Les femmes se posent alors des questions, à savoir si leurs problèmes « au lit » proviennent d’elles-mêmes ou du mari ; est- ce moi qui est à l’origine du manque d’appétence pour la sexualité, ou mon mari ?

Avant le traitement du cancer de la prostate
qui inclut la prise en charge des dysfonctionnements érectiles, il est important pour l’équipe soignante de connaître l’état de la sexualité dans le couple qui dépend aussi de la partenaire. A-t-elle un « problème » sexuel, ou au contraire est-elle active sexuellement ? En effet, une partenaire active sexuellement permettra une meilleure récupération de la sexualité de l’Homme traité pour cancer de la prostate. Tandis que si la partenaire du patient n’a aucun intérêt pour la sexualité, le rétablissement sera difficile voire impossible avec perte de la communication sexuelle correcte dans le couple. Or, on estime que 50% des patients ont une partenaire qui présente un dysfonctionnement sexuel.

Le pronostic sur la récupération de la fonction sexuelle après traitement du cancer de la prostate dépend donc en grande partie de la partenaire du patient.
Une fois le diagnostic connu, l’idée de mort (même si le cancer de la prostate se traite bien de nos jours) empêche toute érection chez plus de 40% des patients. Il peut s’agir d’une « panne » sexuelle d’origine dépressive.

« Quels traitements, et leurs conséquences sur ma sexualité. »

Les informations proposées ici ne peuvent pas correspondre précisément à votre situation qui est unique et connue de vous seul et des médecins qui vous suivent. Elles décrivent des techniques les plus couramment rencontrées mais n’ont pas valeur d’avis médical.

LA CHIRURGIE (il existe différents types de chirurgie : ouverte, cœlioscopie, ou robot assistée)
La chirurgie pour enlever localement le cancer en essayant de préserver la fonction érectile dans la mesure du possible, c’est-à-dire en respectant les deux bandelettes neurovasculaires qui passent de chaque côté de la prostate et qui contiennent les petits nerfs et les vaisseaux qui permettent l’érection. Il peut cependant arriver que ces bandelettes soient endommagées lors de l’intervention. Dans certains cas, quand les cellules cancéreuses sont très proches, il est nécessaire de les enlever.

La non-conservation ou la lésion de ces bandelettes neurovasculaires entrainent des troubles de l’érection avec pour conséquence une détérioration de la qualité de la vie.
20à 40% des patients opérés conserveront une fonction érectile normale, tout venant sans rééducation.

La chirurgie robot assistée permettrait de récupérer une érection satisfaisante dans 80% des cas, contre 54% après les autres techniques chirurgicales.
Pour le moins possible de dysfonctionnement érectile post opératoire, une règle : pouvoir effectuer un geste chirurgical le moins agressif possible, c’est-à-dire intervenir pour des cancers localisés diagnostiqués tôt. D’où l’intérêt du dépistage biologique en dosant dans le sang le PSA à partir de 40 – 45 ans.

L’orgasme, après chirurgie de la prostate est le plus souvent conservé, dans 10% des cas il est amélioré, dans 10 % des cas il est détérioré.

Après chirurgie, l’anéjaculation (absence d’éjaculation) est la règle du fait de la disparition de la prostate et des vésicules séminales. Attention 20 à 30% des patients opérés présentent au moment de l’orgasme une petite émission d’urine qui est prise pour du sperme alors que ça n’en est pas ! En effet, il arrive qu’au moment de l’orgasme, le col vésical s’ouvre avec émission d’une petite quantité d’urine. On parle d’orgasmurie.

La stérilité est la règle, elle doit être envisagée dans notre société où les hommes âgés de plus de 60 ans sont de plus en plus nombreux à se mettre en couple avec de femmes plus jeunes. Le recueil de sperme avant la chirurgie peut être envisagée.

La verge peut diminuer de taille (2 cms) du fait de la section de petits ligaments entraînant une rétraction de la verge, et par là même une modification du schéma corporel du patient qui s’en trouve gêné. Pour pallier à cette gêne, on peut faire appel à des injections, on peut aussi proposer des extenseurs. En l’absence d’érection (absence de sexualité) après l’intervention, une fibrose des tissus s’installe progressivement et rend la rétraction irréversible.

LA CURIETHERAPIE
Possible lorsque le cancer de la prostate est bien localisé. Après curiethérapie, on observe dans 20% des cas une dégradation brutale de l’érection, et dans 50% des cas une dégradation progressive. 50% des patients gardent une fonction érectile satisfaisante.
Le volume de l’éjaculat diminue progressivement, parfois anéjaculation.
Les troubles de la fertilité doivent être connus et planifiés.

LA RADIOTHERAPIE EXTERNE
Les effets secondaires après radiothérapie se manifestent à plus long terme comparés à ceux de la curiethérapie. Après trois ans, on compte 50% de patients qui présentent un dysfonctionnement érectile.
L’orgasme est souvent altéré après radiothérapie.
Le volume de l’éjaculat est aussi diminué, l’anéjaculation est possible.
L’infertilité doit être discutée avec l’équipe soignante.

L’HORMONOTHERAPIE
Le blocage androgénique associé à la chirurgie va entrainer des modifications corporelles avec augmentation de la masse grasse et diminution de la masse maigre.
La libido va elle aussi se modifier en diminuant très nettement.
Les patients se sentent fatigués, ils ont des bouffées de chaleur, ils se sentent déviriliser.
Le désir sexuel les abandonne, et c’est à ce niveau que le blocage androgénique se fait le plus sentir.
Quand l’hormonothérapie s’associe à la chirurgie ou la radiothérapie, ces troubles s’ajoutent aux dysfonctionnement érectile (alors que la Testostérone ne joue elle aucun rôle sur les corps caverneux).

L’HIFU
Il s’agit d’une technique médicale en cours d’évaluation qui utilise les ultrasons focalisés de haute densité pour faire l’ablation thermique (destruction par la chaleur) du cancer localisé de la prostate à faible risque dans des conditions très précises.
Puisque cette technique est plus souvent pratiquée chez des patients plus âgés (70ans) qui ont plus souvent avant l’intervention des problèmes érectiles, la dysfonction érectile observée après est très variable. Mais en théorie, le traitement est localisé, on ne traite qu’une partie de la glande de manière à conserver les bandelettes neurovasculaires situées de chaque côté de la prostate et responsables de l’érection.

couple de personnes agées

Que ce soit la chirurgie, la curiethérapie ou la radiothérapie externe, les Ultrasons de haute densité, toutes ces techniques médicales thérapeutiques (qui peuvent être associées) sont potentiellement à risque de troubles sexuels secondaires. Mais, des Hommes peuvent échapper aux statistiques et ne présenter aucun trouble sexuel ni avant ni après.

« Je vais me battre pour vivre.
Mais que sera ma vie si je ne peux plus faire l’amour parce que je n’ai plus ou peu d’érection ? »

La récupération de la fonction érectile après intervention dépend du type de traitement, du chirurgien, mais elle est aussi liée à la qualité de l’érection avant l’intervention, à l’âge du patient, à la sensibilité de ses tissus à la chirurgie ou à la radiothérapie, et à ses antécédents médicaux (un tabagisme, une obésité, une hypertension artérielle, un diabète…n’étant pas des facteurs favorables).
La partenaire sans trouble sexuel et motivée joue un rôle prépondérant.
Conséquence du traitement, conséquence du changement de repères sexuels, conséquence du changement hormonal, l’Homme va se rapprocher de sa compagne. Les rôles s’inversent. L’Homme qui « portait la culotte », va demander à sa partenaire d’être active et d’aller le stimuler à la sexualité.

La prise en charge de tous ces problèmes sexuels
après traitement du cancer de la prostate
est une prise en charge globale dans le couple
avec intégration des dysfonctions sexuelles féminines.

Les troubles sexuels antérieurs au traitement sont évalués grâce à des questionnaires qui ont également pour objectif de comprendre l’impact de la sexualité dans la qualité de vie. La partenaire est également évaluée.
Les questionnaires seront répétés plusieurs fois après le traitement du cancer de la prostate, ils auront ainsi un intérêt dans le suivi post thérapeutique de la sexualité du couple.
Les troubles sexuels ne seront pris en charge que si les patients sont demandeurs. Pas de prise en charge pour les couples qui n’ont plus de sexualité depuis longtemps.
La prise en charge des troubles sexuels est à la fois psychologique, médicamenteuse orale ou injectable. Elle doit se faire avant et après le traitement du cancer de la prostate.
Cette prise en charge devrait toujours être proposée, mais tous les urologues n’en parlent pas.

AVANT le traitement du cancer de la prostate,
il s’agit de la phase de prévention. C’est lutter DES LE DEPART contre les facteurs de risque tels que le diabète, l’obésité, le tabac… C’est proposer la prise d’un médicament en comprimés, le IPDE de type 5 (inhibiteur de la phosphodiestérase) Viagra®, Cialis®…dès qu’il existe un dysfonctionnement érectile AVANT le diagnostic (40% des patients), le but étant de favoriser les érections avant le traitement du cancer de la prostate.

APRES le traitement du cancer de la prostate,
il s’agit de la phase de rééducation. La rééducation peut être passive ou active.
La rééducation passive est coûteuse non remboursée par la sécurité sociale, le patient a choisi de prendre quotidiennement des comprimes d’un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 (Viagra® Cialis ®…), sans surplus si rapport sexuel. Avantages de la prise quotidienne (en l’absence de contre-indication) : le patient oublie qu’il souffre d’une dysfonction érectile, les érections peuvent être spontanées, le patient reprend confiance en lui. Un traitement par IPDE 5 en prise quotidienne coûte environ 70-80 euros par mois non remboursés par la sécurité sociale.
La rééducation active consiste, elle, à ne prendre un traitement qu’au moment où il y a désir d’avoir une érection : soit comprimés d’IPDE 5 à dose pleine, soit injection intra caverneuse, soit utilisation d’une pompe à dépression ou vacuum, soit association IPDE5 et vacuum. Tous ces traitements ne sont pas remboursés par la sécurité sociale.
Chaque patient a son profil de prise en charge.

Un tiers des patients n’adhèrent pas au traitement soit qu’ils n’ont pas d’attrait pour la sexualité, soit qu’ils sont gênés par des troubles urinaires (incontinence, mictions impérieuses) apparus après une chirurgie ou une radiothérapie pourtant bien menées.
20% des patients arrêtent le traitement de leurs troubles de l’érection parce qu’ils ont « mal », ou parce que le traitement n’est pas assez efficace.

La prise en charge psychologique sexologique a pour but d’aider le patient à retrouver un schéma corporel viril, de l’aider à donner du plaisir à sa partenaire même si ses érections ne sont pas de bonne qualité, d’améliorer ses rapports sexuels intimes, de l’aider à lutter contre l’anxiété, la dépression.

Le couple est concerné.

Une telle prise en charge des troubles sexuels autour du traitement du cancer de la prostate doit être expliquée au couple ; il faut être deux pour que de tels traitements fonctionnent, deux car si la femme n’a pas d’intérêt pour la sexualité, les résultats ne seront pas là. Le résultat dépend de l’attrait de la partenaire pour la sexualité.
Mais, améliorer l’érection, c’est aussi améliorer la qualité de vie de la partenaire, puis celle du couple.

Les femmes ne sont pas toujours gênées d’avoir des partenaires qui ont une érection qui n’est plus celle d’avant, ce qui les gêne réellement, c’est l’attitude de retrait, de non-communication de leur partenaire.